La Holden 68, modèle Special, avançait lentement.
De l’extrême sud au Territoire du Nord, elle prenait son temps.
Nous offrant une vision parfaite de ces immensités.
Des paysages à savourer comme des toiles baroques que traverse une multitude troublante d’animaux.
Invitation au Pays d’Oz…
"Ils disent que nous étions ici depuis 40’000 ans, mais c’est beaucoup plus. Nous sommes ici depuis que le temps a commencé. Nous avons gardé la terre comme elle était au premier jour. Bougeant du rêve à l’action, les ancêtres ont créé les fourmis, les émeus, les lézards..." - texte aborigène
Au commencement, on dit qu’il y avait un chemin.
Il y a plus de quarante mille ans, des hommes et des femmes sont venus sur ces terres depuis l’Asie, par la Nouvelle-Guinée. Ils franchirent à pied sec les détroits des dernières glaciations. C’est ainsi qu’ils ont commencé à marcher. En chantant le monde sous leurs pas. Recréant à chaque phrasé mélodique les êtres et les choses. Pendant les trente-neuf mille six cents deux ans qui ont suivi, la Terra australis incognita n’a pas changé. Ou si lentement qu’aucun oil humain ne l’aura jamais vu. En 1606, lorsque le premier Européen accostait par le Nord, le Pays d’Oz était ainsi. Il y eu un navigateur, il y eu un Empire - en 1770, britannique -, que James Cook surnomma la Nouvelle Galles du Sud. Et puis, en deux cent ans à peine, tout fut fait.
L’Australie a ceci d’étrange qu’elle n’est pratiquement habitée que sur sa circonférence. Le 90% de la population vit dans les métropoles et les villages côtiers. Le reste du pays - c’est-à-dire une surface presque aussi grande que l’Europe - est désert ! Il reste quelques rares solitaires pour y vivre. Ils y élèvent des chevaux, pour les rodéos, ou des moutons mérinos, pour la laine. Ils y cherchent de l’or ou des opales. Ils sont venus de partout. Les Grecs dans les années 50, suivis des Italiens - dix ans plus tard -, puis ce fut au tour des Yougoslaves, Kosovars, Turques. Tandis que les villes sont courtisées par une nouvelle vague d’immigration en provenance d’Asie, l’outback, les déserts et le bush restent les terres promises d’un joyeux melting-post méditerranéen.
Le coeur du Centre Rouge est une oasis. Pas au sens figuré du tout. Au sens clair comme l’eau de la vaste nappe phréatique qui fait pousser les chênes du désert. C’est pour cela que de nombreuses tribus ont vécu ici : les Pitjantjatjaras, les Yankunytjatjaras ou les Anangus. A nouveau propriétaires de leurs terres - depuis 1985 - les communautés aborigènes indigènes doivent néanmoins verser une location au Gouvernement Fédéral jusqu’à ce qu’il leur restitue définitivement le site en 2084.
Ils ont vécu ici, nus, pendant des milliers d’années. A l’ombre du rocher. Il prodiguait aux hommes la fraîcheur et un sentiment de sécurité, des abris pour se protéger des insectes et du vent glacial des nuits d’hiver. Et puis il y avait un point d’eau, le Mutitjulu, qui se remplit lorsque les pluies glissent en cascade le long de la paroi. Le soir, et le matin, les animaux viennent y boire. Ils deviennent alors une proie facile pour l’homme.
Uluru (Ayers Rock) et Kata Tjuta font partie d’un large réseau de lieux significatifs liés par des iwara : les pistes sacrées qui sillonnent tout le territoire. Cartographiés par les ancêtres pendant leurs voyages, non pas sur du papier mais en milliers de partitions, les iwara seraient chantés depuis près de 40 000 ans selon la tradition qui les perpétue au bémol près. Uluru et Kata Tjuta sont liés aux gens et aux endroits dans toutes les directions
"On pensait que certaines phrases, certaines combinaisons de notes musicales décrivaient le déplacement des pieds de l’ancêtre. Une phrase signifierait lac de sel, une autre lit de rivière, spinifex, dune, steppe à mulgas, paroi rocheuse, etc. Un chanteur expérimenté, en écoutant leur succession, pouvait compter le nombre de rivières que son héros avait traversées, le nombre de montagnes qu’il avait escaladées et en déduire à quel endroit de l’itinéraire chanté il se trouvait. Ainsi les phrases musicales, dis-je, équivalent à des coordonnées cartographiques ? - La musique, dit Arkady, est une banque de données servant à trouver son chemin dans le monde." - Bruce Chatwin, Le chant des pistes.
"Quand j’étais enfant, raconte Barbara Tjikatu, j’ai vécu ici pendant un temps et nous campions dans le bush de ce côté-là et nous marchions le long de cette partie de la piste et nous obtenions de l’eau de Kantju, ce trou là-bas dans le rocher. Et nous avions vraiment peur d’y aller parce que cet endroit est réellement très grand et réellement important. On se faisait peur les uns aux autres."
Si la plupart des territoires australiens sont l’apanage de fabuleuses terres désertiques, le Nord, le Centre Rouge et les côtes sont aquatiques. Lacs, gorges, rivières, cascades et plages de sable blanc, la baignade se pratique en toutes saisons et une multitude de sports sont proposés aux voyageurs. Canoë, kayak, voile, rafting, croisière, plongée, aviation.
C’est l’avantage d’une société "à l’américaine" où le loisirs et le fun deviennent une question d’hygiène de vie. Le week-end, les Australiens pêchent, font du camping ou du tout-terrain sur les plages, en 4 x 4 ou en moto, c’est permis !
On peut aller en Australie pour mille et une raisons. Vacances balnéaires sur les plages idylliques de la Côte Est ou découverte des étendues sauvages de la Terra Australis dans la tradition des grands explorateurs, enfin presque ! Généralement, on fait les deux. Et si vous avez envie de vous laisser enivrer par l’immensité sans pour autant perdre le nord, on ne peut que vous conseiller de préparer soigneusement votre voyage. Les distances sont immenses et le climat peut passer, d’un état à l’autre, du tendrement clément aux chaleurs les plus torrides. Des inondations de la mousson d’été (le leur), aux sécheresses étouffantes des déserts du Centre et de l’Ouest, l’Australie, malgré ses franges côtières aux allures occidentalisées, ne s’improvise pas.
Crée en 1980 par une équipe de passionné de l’Océanie, l’agence Nova Tours à Lausanne fut l’une des premières agences de voyage à se spécialiser sur l’Australie, la Nouvelle-Zélande et les îles du Pacifique Sud. Ils ont parcouru terre et mer, en long et en large, toujours en quête de nouveaux territoires. A la recherche d’une vision différente des clichés surf et voile au vent de la coupe America qui a révélé au monde entier les splendeurs des côtes de Perth, à l’extrême ouest du pays. Ils apportent un soin tout particulier aux voyages individuels, ou en petits groupes (avec guide francophone sur demande).
Vous avez envie de traverser le désert à cheval ou plutôt de flâner le long des domaines viticoles du Sud ? Vous préférez découvrir le pays en avion, en camping car ou en voiture privée avec ou sans chauffeur ? Un peu de chaque peut-être ? Vous avez raison, l’Australie se prête à toutes les démesures… alors, laissez-vous guider.
Nova Tours, rue du Valentin 34, 1004 Lausanne
Tél. 021 311 50 40
www.novatours.ch
Genève-Sydney : plus de 16 000 kilomètres, vingt-cinq heures d’avion ou cinq semaines de bateaux. Pas plus cher l’un que l’autre si on voyage en business, mais plus long. Chaque semaine, cinquante vols Qantas relient l’île continent au reste du monde. Pour cette journée dans les airs jusqu’à l’autre bout de la mappemonde, nous vous conseillons vivement de voyager en classe affaire en demandant un vol qui dispose des nouveaux "Skybed" (lit du ciel). Une création de Qantas qui faisait fureur à Singapour lors de notre unique escale et qui devrait, d’ici à la fin de l’année, être disponible sur tous les vols. Un vrai cocon domotique où l’on peut passer le voyage sans sortir de sa bulle. Vidéo, connexion Internet, téléphone, musique, veilleuse ou lumière de lecture. Un salon à lui tout seul et l’assurance d’être en pleine forme à l’arrivée !
Qantas Airways, 13, rue Chantepoulet, 1211 Genève 1
Tél. 022 906 12 12.
www.qantas.com.au et www.qantas.ch
Quand j’étais petite, l’idée que les Australiens marchent la tête en bas tout en étant debout me fascinait. Il n’y a pas que leur position qui est inversée, leurs saisons aussi. Ainsi, tandis que nous suons sous nos 40° estival, un hiver tempéré rafraîchit les côtes de l’Est et du Sud. A l’inverse, lorsque nous grelottons sous les pluies grises de l’hiver, le Nord déploie sa végétation tropicale, le Sud ses étés cléments, le Centre et l’Ouest leurs chaleurs torrides. L’Australie se pratique toute l’année, mais impérativement dans un certain sens en fonction de la saison que vous choisirez.
L’Australie est le pays par excellence pour passer vos nuits à la belle étoile. La voûte céleste y semble, elle aussi, plus vaste et c’est une excellente alternative pour rencontrer les kangourous au crépuscule et les dingos qui passent silencieusement en bande au petit matin. Ici, le camping est un véritable sport national. Du 5* avec piscine au campement improvisé en plein bush après une journée de piste. De par sa nature essentiellement sauvage, l’Australie se prête à merveille à une ou plusieurs semaines en mobilhome, à coupler avec d’autres alternatives de voyage.
Côté champagne, vous aurez l’embarras du choix dans une gamme hôtelière qui, hormis les classique 5* et 5*+, a développé une hôtellerie de charme dans de splendides ou charmantes demeures qui se nichent dans les vieux quartiers des villes, comme la belle Adélaïde ou surplombent des criques majestueuses. Entre ces deux extrêmes, vous trouverez sans peine une foule de petits motels ou hôtels dont certains ont su garder le charme des grandes conquêtes de l’or.
Australie, Editions Olizane.
Un guide écrit par un Australien et superbement illustré.
Le chant des pistes, de Bruce Chatwin, en Livre de Poche.
De l’ethnologie romancée, un ton caustique et tendre pour mieux comprendre Aborigènes et Australiens.
Australian Tourist Commission
www.australia.com
Northern Territory Tourist Commission
www.nttc.com.au et www.travelnt.com
South Australian Tourism Commission
www.southaustralia.fr
cet article a paru dans le numéro d’aout 2001 de Sports & Loisirs